mardi 19 février 2008

La veillée d'Emilie ( Nouvelle )


La veillée d'Emilie (Nouvelle)


Ce soir-là, Emilie se repose devant le cantou. Le cantou, dans ma région, c’est une grande cheminée de pierre. Au centre, l’âtre où se trouvait le feu qui rayonnait. De chaque côté, des bancs de pierre où, par grand froid, on pouvait s’asseoir et se réchauffer lorsque le feu tombait. Le cantou devenait coin de repos, de détente ou de conversation, de chaleur bienfaisante. Bien sûr, il y a longtemps que le chauffage central a usurpé le rôle du cantou . Emilie n’est pas assise sur le banc de pierre. A son âge, elle n’y serait pas bien. Elle est donc confortablement assise dans le fauteuil de paille. Son gros chignon blanc lui sert de coussinet, la tête appuyant sur le dossier du fauteuil. Des petites rides creusent à peine les sillons de son visage, séparées les unes des autres par une peau lisse, une peau calme, une peau douce. Emilie sent la chaleur généreusement dispensée par le feu pénétrer sa chair, ses os , calmer les douleurs brûlantes qui la font souffrir depuis tant d’années. Elle contemple les flammes. Elle est bien. Elle est tranquille. Elle se sent sereine ...
... En cette fin d’après midi, Emilie entend le ronronnement de la voix de sa fille et de son gendre qui bavardent, qui racontent les nouvelles et elle entend comme ça : « L’Auguste va revenir. » Et une sorte d’écho raisonne dans la tête de la vieille dame .« L’Auguste va revenir » . L’Auguste va revenir...» Et à ce moment Emilie remonte les années, loin, loin en arrière ...

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